On est le 21 août, aujourd'hui, il y aura du vent N- NW entre 10 et 16 noeuds, une grande partie de la journée. Nous avons 54 miles à parcourir, soit 8h de navigation, chouette! On avait le vent de face, donc une bonne gîte. D'où des déplacements calculés .....
Dans la grande baie de Palma de Majorque, il y a 9 ports (!). Nous serons accueillis dans celui qui est le plus proche du centre ville. Il y a de la place pour "petit" Crok'n Roll.
Et je ne vous parle pas des yachts (démesurés)! Il faut s'y faire, la Méditerranée est naviguée par un autre style de marin que du côté de l'océan Atlantique. Le fait qu'il y ait les criques, une température de l'eau agréable, de nombreux ports, donc une possibilité de refuge, attirent la navigation "farniente", olé!
Grande nouveauté pour nous: l'amarrage au quai est différent de la côte Atlantique et partout pareil en Méditerranée: la PENDILLE! Il y a un long quai fixe sur lequel les bateaux viennent s'amarrer perpendiculairement, soit par l'avant ( la proue) soit, le plus souvent, par l'arrière ( = amarrage cul arrière). Ensuite l'autre extrémité du bateau sera amarré à la pendille. Pourquoi ce système différent? Les ports en Océan Atlantique subissent les marées, donc il faut des quais et des pontons flottants ( catways). N'ayant quasi pas de marées en Méditerranée, le quai est fixe. L'avantage de ce système est de caser un maximum de bateaux côte à côte. On se fait du "frotte-frotte".
Amarrage à cul. |
Il y a des blocs de béton sous l'eau desquels partent la ou les amarres qui fixe(nt) l'avant du bateau. Le but de la pendille est d'empêcher le bateau de reculer |
Explication de "la pendille" avec un amarrage cul-arrière, par exemple:
1) Il faut d'abord attacher l'arrière du bateau. Donc, Pierre manoeuvre et s'approche du quai avec l'arrière du bateau. 2) Rapidos, je lance la 1 ère amarre arrière sur le quai et là 2 configurations se présentent: soit le garde de la marina est là pour nous aider, soit y a pas d'aide. S'il y a de l'aide, c'est déjà tout un art: il faut viser la personne, lancer l'amarre assez fort sinon elle n'atteint pas le quai et elle est dans l'eau, il faut recommencer ( du vécu!). S'il n'y a pas d'aidant sur le quai, on fabrique un lasso et on vise la bite d'amarrage. Ensuite, je fonce lancer la 2 ème amarre arrière. 3) On laisse le bateau s'avancer, s'écarter du quai en donnant du mou aux amarres arrières. 4) Pendant ce temps, il faut prendre la pendille du quai ( soit avec la gaffe, soit l'aidant du quai nous la lance) et on la remonte, on la traîne tout le long du bateau jusqu'à la proue, on la tire de toutes ses forces car elle va empêcher le bateau de reculer. Cette pendille traîne dans l'eau, elle est remplie de vase et/ou de crustacés, un bonheur! Donc, il est préférable de la manoeuvrer avec des gants (jardiniers) pour se protéger de ces choses abrasives ( crustacés) et pour l'odeur! Mon premier amarrage fût une réussite. Le deuxième, une catastrophe d'enchaînement de maladresse, pfff! Et jusqu'à présent, nous avons bénéficié d'une aide sur le quai! 5) On recule à nouveau le bateau pour bien tendre la pendille en évitant de toucher le quai, évidemment. On retend les amarres arrières. 6) Après cette manoeuvre, c'est souvent l'apéro!!
On peut observer un amas de moules sur une pendille d'un bateau à l'arrêt depuis quelques semaines. |
Donc, nous voilà amarrés dans une marina plutôt moche mais qui a le grand avantage de se situer au centre de la ville. Palma de Majorque présente des édifices encore bien conservés et qui retracent son histoire. Car Palma a été fondée par les Romains qui bâtirent les premiers murs de la cité au IVe siècle. Elle a prospéré sous l'occupation des Maures. Puis, elle devint la capitale espagnole des îles et le centre d'un empire commercial méditerranéen. La très grande baie de Palma abrite plusieurs bassins de plaisance ( des milliers de yachts), surtout un port de guerre, de commerce et de pêche.
Nous n'avons visité que le trésor de Palma: son impressionante cathédrale gothique élancée , commencée en 1230 qui domine le côté est de la ville. La consécration eut lieu en 1346. En 1498, la tour contenant les 9 cloches fût terminée. La plus grande cloche pèse 4 500 kg. De nombreux travaux eurent encore lieu pour prendre fin en 1601!
Cathédrale Sainte Marie de Majorque ou "La Seu" |
Ce parc a été réalisé en 1970. |
Nous avons déambulé dans les étroites ruelles bordées de boutiques, de bars et de restaurants du centre historique qui ne sont exploitables qu'à pied.
Nous sommes passés devant la maison communale, à vélo:
L'entrée de cet établissement public avec un géant et une géante de part et d'autre de l'escalier. |
Il est 17h, pas question de passer une 3ème nuit dans cette marina sale, peu sécurisée et hors de prix, donc on met les voiles pour sortir de la baie et se trouver un mouillage à l'extrémité ouest. Chouette navigation durant 1h30 avec un vent à 20 noeuds, allure au près, on avançait bien.
On choisit la "Cala Figuera": toute petite, enclavée, pas de plage au fond, des rochers à gauche et à droite. Trois bateaux espagnols y sont ancrés. Vers 20h30, tous les bateaux sont partis vers Palma. Nous, on se dit:" Chouette! Incroyable, une crique pour nous tout seuls, paix royale". Nous avons été bien naïfs sur ce coup-là. Durant la nuit, le vent s'est un peu levé mais était orienté différemment de l'après-midi. Le bruit des vaguelettes s'écrasant sur les rochers m'ont éveillé. Bilan: de 00h30 à 1h15 du matin, nous étions occupés à remonter l'ancre, manoeuvrer pour s'éloigner des rochers et l'ancrer en fonction des nouvelles conditions de la nuit. En fait, les gens locaux passent la journée dans ce genre de petit endroit mais ils savent bien que la nuit y sera chahutée.....
Le soir, on est tout seul! |
Le matin. |
Le lendemain après-midi, nous avons navigué durant 2h le long de la côte ouest. Comme hier, avec un vent thermique ( qui vient de la terre durant quelques heures).
La côte est belle, il y a tout le temps des criques, des rochers et des pointes ( Punta) à éviter.
Nous atteignons rapidement "la Cala Blanca"que nous avions choisie selon le descriptif de notre livre nautique:" Petite cala aux pentes abruptes et à la plage de sable et de cailloux, encore préservée."
C'était un très bon choix! Calme, belle, des petites chèvres dans la montagne abrupte, des poissons à observer sous le bateau et près de la plage. On y est resté 4 jours tellement nous nous y plaisions.
Au bout de la crique, une petite plage de cailloux d'où partait un chemin menant à des promenades ou au village de San Miguel. Sur la colline à l'est, une tour domine la crique. Heureusement que les photos sont belles car j'ai beaucoup souffert de la chaleur pour grimper la colline, malgré un départ tôt le matin!
Petit chemin de cailloux qui nous amène à la route. |
C'est Crok'n Roll |
La "petite" tour dominant la cala. |
Ce numéro est à l'image de la grandeur de la maison, mégalo! |
Vue tout aussi spectaculaire de l'est de la crique.
On s'est arrêté à San Miguel pour profiter de l'endroit:
De San Miguel, nous avons loué une auto pour découvrir l'intérieur de l'île. Les guides touristiques et les gens locaux nous conseillent vivement de visiter Valldemossa dans la Serra de Tramuntana. Effectivement, à ne pas manquer! Ce village est un musée, bien intégré dans la montagne, que l'on découvre au décours d'une route sinueuse. Merveilleux!
Il y a moyen d'exploiter cette "Serra Tramuntana" en balades pédestres, en VTT. Y passer du temps durant quelques semaine, sans problème.
La Serra Tramuntana |
Et voilà Valldemossa |
En visitant le village, on découvre qu'en hiver de l'an 1838, George Sand et ses enfants, accompagnés aussi de Chopin ( malade) sont venus passer l'hiver à Majorque, en débarquant à Palma. Ensuite, ils passèrent 2 mois à Valldemossa. Maurice ( fils de l'écrivain) devait quitter Paris afin de passer l'hiver dans un climat plus clément. Autant Chopin que Sand ne s'y sont plus. Le musicien a complètement déprimé lors de son séjour à La Chartreuse de Valldemossa. Certains préludes le reflètent. Elle écrira son désenchantement de cette belle île et son aversion pour les insulaires.
Le lavoir |
Toujours ses petites ruelles |
Pour Pierre et moi, ce fût une visite bien agréable, surprenante, plongée dans l'histoire.
Le jour suivant, nous visitions Soller. Ville située au nord-ouest de l'île, dans la Serra Tramuntana. Elle est dominée par le plus haut pic de l'île de Majorque: le Puyg Mayor.
Le "Puerto de Soller" est à 4 km de la ville, un vieux tramway permet la liaison entre les 2. En ville, on peut visiter des églises médiévales, des maisons anciennes du XVI siècle, le jardin botanique, des oliviers centenaires et des orangers. Cette région est connue pour produire les meilleures oranges. Il y a le musée des sciences naturelles qui expose, étudie et conserve la faune et la flore des îles Baléares.
Nous y étions un dimanche et c'était une fête importante. La ville était envahie de majorquins, les places, les rues regorgeaient de monde. Du coup, les édifices, les musées étaient fermés.
Même la gare était simplement jolie et d'y attendre le départ du tramway était un bon moment, avec la musique du carrousel dans les oreilles....
En sortant du tramway, on change de décor et on se retrouve au port bien animé, entouré d'une petite ville balnéaire avec sa plage et son édifice religieux offrant un panorama sur la mer Méditerranée.
Puerto de Soller |
Des sculptures, à côté de la chapelle, nous accueillent au panorama:
Après ces deux belles journées de découverte "terriennes", nous rejoignons Crok'n Roll pour un bon bout de temps. De beaux grands voiliers sont ancrés à l'entrée de "cala Blanca". Encore plus majestueux la nuit, waow!
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