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SAMOS: que de belles découvertes! 

Samos est proche des montagnes turques.

La météo grecque se complique, à partir de ce dimanche 26 septembre car le meltemi s'installe. Non pas durant 4 jours mais durant 14 jours! Les Grecs sont aussi étonnés que nous: ce vent du nord arrive tard dans l'année et l'intensité est plus forte. Dans le Dodécanèse. Car dans les Cyclades, ce fût pire. Pourtant, la littérature l'annonce entre mai et octobre. Je me suis amusée à lire sur le sujet:

-http://www.les-cyclades-en-voilier.com/meltem/meltem.html

Personnellement, je n'aurais jamais pensé que du vent m'incommoderait autant! Les mauvaises nuits se succédant, entraînant une baisse du moral, une nervosité liée aussi au bateau qui bouge constamment, même au quai. Aux bruits des amarres sollicitées qui couinent, sans répit. Au fait que l'eau s'est bien rafraîchie, que le pull en journée est utile et carrément la veste en soirée. Les cheveux au vent toute la journée, que la navigation se fait avec la salopette et la veste bretonnes, ici, en Grèce sous un soleil éclatant! On mange à l'intérieur du bateau sinon la tranche de fromage s'envole. Le bateau est sale, un dépôt de poussières s'accumulant partout. Mais il y a des avantages! Une navigation corsée à la voile. Les passionnés sont heureux! Et les activités sportives à toutes heures de la journée, même à 14h, sont supportables. Mais ne pas oublier la crème solaire, par contre, la casquette est inutile!

Pierre, à l'inverse, s'accommode  au "meltemi"  avec le sourire, surtout quand on navigue.

Direction l'ouest de Samos car là, à Maratho Kompos s'y loge une marina ( Osmos port), assez récente, équipée de bornes pour le courant électrique et la distribution d'eau. Nous savions que la navigation se ferait avec le vent de face, puisque la météo venteuse s'installe. Nous avons navigué 24 miles en 3h45 min dont 2h à la voile, allure au près. 

Allure au près, signifie une gite!

Samos est une île proche de la Turquie. Au sud-est de l'île, il n'y a que 5 km qui les séparent. En approchant la marina, nous passons à côté d'un navire de défense militaire ancré qui m'impressionne. Durant notre séjour, régulièrement, nous verrons la présence de militaire grecque.

Suite à la gîte qui indispose un peu mon estomac, je suis soulagée d'arriver! Et le petit village de Kampos est sympathique. Un artiste peintre y a mis sa patte.

Le port se situe en bas du mont Kerkis qui culmine à 1400m.




  Au vue de ce temps qui nous coince au port, on décide de louer une voiture pour visiter Samos. Les paysages sont variés. La montagne à l'ouest, des collines au nord dont les replis abritent de petits villages en pierres et leurs vignes. Le muscat de Samos est très apprécié! Au sud, ce sont des plaines qui ressemblent aux steppes, en fin d'été. Nous découvrons l'ouest puisque nous y logeons, et le nord -ouest. En dehors de la route principale, notre petite auto grimpe, (on ne passera pas la deuxième) et descend des petites routes très très sinueuses! Au nord, une rivière dans la forêt  engendre des cascades et forme un petit canyon. La bifurcation se trouve sur la route menant à la plage de Potami. Au cours de la balade le long de la rivière, il y a la possibilité de se désaltérer ou de manger un (délicieux) repas chez " Archontissa", à ne pas manquer!  La taverne est tenue par le fils et le père. Ce dernier cuit et maintient de plats traditionnels au four au bois, dans des vieilles et solides casseroles en fonte. Top!  



L'escalier accroché à la roche est très original! Solide malgré son apparence.

Archontissa vu d'en haut. Malgré la basse saison, cet endroit a beaucoup de succès.

La route du littoral, au nord, propose des tas de petites criques, avec plages, petits villages de pêcheurs où seuls les Grecs passent du temps. Et propose aussi de bifurquer vers des petits villages accrochés à la montagne. Rien que la route pour les atteindre vaut le coup. Souvent on peut y acheter du miel local, de la confiture et des légumes. Les habitants y sont très accueillants.




Pour terminer l'exploration du sud-ouest, nous empruntons la route de corniche jusqu'au dernier village (Drakei). Car ensuite, c'est une réserve naturelle. Là, nous découvrons un petit village plus pauvre et beaucoup moins touristique. Pierre est sous le charme d'un artisan qui possède un petit chantier naval. Construction en bois remarquable. Malheureusement pas d'échanges possibles car l'artisan ne parle pas l'anglais.

Cette route côtière où nous rencontrons très peu de véhicules.

Route qui propose des points de vue tellement beaux!



Après ces escapades, la soirée se passe à la marina où nous retrouvons nos voisins marins. Il y a un couple d'anglais, de danois, de canadiens avec qui nous échangeons les activités du jour, les évaluations, les bons plans. Grâce à l'anglais, langue commune, on communique facilement! Tous, nous sommes bien d'accord: il y a beaucoup moins de vent partout ailleurs, dans l'île. C'est ici, à Maratho Kampos qu'il y a un souci! On en déduit qu'avec la présence du mont Kerkis, nous subissons un effet Catabatique. 

  " Les vents catabatiques sont des vents générés par gravité. Ils ne sont pas limités aux régions polaires: il en existe aussi dans les vallées montagneuses lorsque la nuit l'air d'altitude est refroidi beaucoup plus intensément que celui au fond de la vallée: l'air froid sous son propre poids dévale alors le long des pentes de la vallée." 

Halala! Il nous aura fait souffrir le mont Kerkis! Ce nuage qui s'accroche au sommet semble un effet du phénomène catabatique.


Excédés de ce vent et aussi par l'envie de se balader à l'Est de Samos, nous décidons le jeudi 30 septembre de partir, de naviguer jusqu'à Pythagoreio. Vers 10h du matin, sous un vent de 30-35 noeuds avec des rafales à 46 noeuds (!, mon record) nous levons l'ancre et nous libérons les amarres. Nos ( nouveaux) amis anglais, Vanessa et Nick, ont pris la même décision. Nous sommes habillés tels des bretons ( salopette et veste) car il fait froid et nous sommes plein d'incertitude: comment sera l'état de la mer, de grosses vagues? Comment sera le vent au large, aussi intense? On se prépare à subir une navigation très dure. Nous sortons du port à une vitesse de 5 noeuds sans moteur, sans voile rien que le vent sur la coque. A notre grand étonnement et à notre soulagement: à 1miles de la côte, le vent diminuait à 20 noeuds, puis 13 noeuds de moyenne, la mer est peu agitée, simplement une houle de 1m! Juste la voile avant ( le génois) qui nous a emmenés paisiblement au port de Pythagoreio!  

Vue sur la ville de Pythagoreio en arrivant de l'ouest.



Chance! Il y a de la place au quai public. Il existe une marina dans la prochaine baie. Mais elle est plus décentrée par rapport à la ville. Au quai public, un yachtman nous accueille, nous octroie un emplacement. Notre amarrage se fait avec un vent de travers important. Pierre a bien géré la manoeuvre car il y a des spectateurs aux terrasses et les propriétaires des bateaux voisins surveillent! Au quai, il y a de l'eau et de l'électricité. Le prix est plus que correct: 15 euros/ nuit. Entre un gros catamaran (américain) et un yacht (turque) on danse moins mais il y a encore les rafales à 20 noeuds! Moi, je revis.

Pythagoreio est la ville la plus touristique de l'île. Elle offre des tas de restaurants, des bars, des glaciers, des boutiques de souvenirs, quelques magasins d'artisanat, on trouve de tout! Le célèbre mathématicien Pythagore y serait né vers 580 av J.C. D'où l'origine du nom de cette petite ville construite sur les ruines de l'antique ville de Samos. Un musée archéologique intéressant explique la position des différents bâtiments retrouvés, fouillés: le grand temple d'Héra, les thermes ( ou les bains), l'ancienne cité, le temple d'Aphrodite, le château, les murs du port, etc 



En compagnie de nos amis anglais , Vanessa et Nick, nous visitons "le tunnel d'Eupalinos", surprenant! Ce fût une merveille de son temps, un chef d'oeuvre du génie civile antique ( 7 ème siècle avant J.C). Il s'agit d'un aqueduc long de 1350m permettant de ravitailler l'antique ville de Samos en eau douce, depuis un cours d'eau venant du nord et dévié. Il aura fallu 10 ans pour la réalisation de cet aqueduc sous-terrain. La construction fût compliquée car il fallait creuser simultanément au nord et au sud, en respectant une certaine pente et se rencontrer au même endroit, au milieu de la montagne.

https://www.grece-bleue.net/tunnel-eupalinos-samos.php 




De ce musée, nous nous sommes bien amusés durant une randonnée de 3h. Nous voulions voir l'entrée nord du tunnel, qui, en fait, était sans intérêt. Par contre, nous suivions le chemin n° 31, bien agréable. 

Retour au bateau avec vue sur le port.

Pythagorio vaut la visite car c'est joli d'y errer, de prendre le temps de chercher la grande statue de Pythagore. Nous ne l'avons pas trouvée. 

Devant la façade d'une maison, les habitants ont construit un abri pour ( leur?) chat :-)



C'est au restaurant "Remataki", le long de la plage et du chemin menant à la marina, que nous avons mangé la meilleure moussaka! Faite maison, bien fraîche.
Après 4 jours au port, le vent est moins fort, on a mangé assez de glaces, on a envie de nature, de plonger dans l'eau turquoise, de tranquillité. Nous partons à l'extrémité sud-est rejoindre nos amis anglais, dans la baie de Posidonio. Une navigation de 1h30 rien qu'avec la voile avant ( le génois) nous avancions à 7,5 noeuds. On est très attentif à la cartographie car nous longeons la côte turque. En effet, nous n'en sommes qu'à quelques km . La baie de Posidonio n'est pas trop occupée, on s'y ancre facilement dans le sable. L'eau est transparente, c'est un spot de plongée sous-marine. Une jolie balade côtière (du chemin n°30) nous emmènera jusqu'à la plage de Psili Amos. 
 Charmante baie de Posidonio.

C'est à l'ouest de la baie que nous commençons la balade, derrière ces petites maisons.

C'est l'endroit le plus proche entre Samos et la côte turque, plutôt montagneuse.

 Le lendemain matin, on quitte Vanessa et Nick pour de bon, cette année . Chaque équipage a ses projets différents en fin de saison.
Le bateau "Pelagia of London" repart vers Pythagoreio.

Tandis que nous, nous voguons vers la côte Est, précisément vers Mourtia. Le vent continue à venir du nord, nous pensions être bien protégés mais la houle, les vaguelettes nous ont fait tanguer toute la nuit, ce n'était pas un bon plan. Durant la nuit, le vent a tourné, le bateau aussi, ce qu'aucun fichier météo n'avait prévu. Nous étions presque sur la plage, parmi les petits bateaux de pêche, ouf!  Dès le lendemain matin, on a levé l'ancre!


Nous quittons cette belle île, Samos, où nous nous sommes attardés à cause du Monsieur "meltemi". Mais comme je le disais dans le titre: que de belles découvertes! On y a rencontré beaucoup de plaisanciers très sympathiques: Nans et Paul du Canada, Hul du Danemark, Ali et son épouse de Turquie, Kent et Preston des états-unis ( de Californie et de l'Uthat), sans oublier Vanessa et Nick de Londres. Bien sûr la découverte des paysages variés de cette île et de son histoire.

Nous passerons la semaine suivante essentiellement à l'ancre avec une météo calme et ensoleillée.



Commentaires

  1. Chère Cathy (& Pierre),
    Les bons plans (détaillés), tes recherches historiques et touristiques, et surtout ta "personal touch" font que ton blog doit être consulté régulièrement par vos amis marins !
    Même à terre, (et plutôt terrienne) j'apprécie beaucoup le récit de vos aventures. Et je voulais te dire toute mon admiration pour ton altruisme, ta générosité, et...ton courage!!! (naviguer, à la base, c'est pas ton kiff...).
    Enorme coup de cœur aussi à Pierre, qui partage sa passion ...avec passion et donne envie de le suivre quoiqu'il en coûte!
    "Qu'est-ce qui monte qui rime avec toujours ? C'est l'amour...C'est la mer...C'est l'amour"
    vive Alec Mansion!

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