Trizonia, Itéa, Delfi dans le golfe de Corinthe:
Nous nous souviendrons de la navigation vers l'île de Trizonia! En quittant Nafpaktos, le vent est faible, une mer d'huile. Nous sommes étonnés, une fois de plus, car la météo à Trizonia ( à 20 miles, soit 3h de navigation prévue) annonçait plutôt un vent au portant (vent arrière) de 10-12 noeuds et une houle de vagues modérée. En mer depuis 1h30, les conditions de navigation étaient bien établies: le vent est monté et une houle s'est formée . Hop, le spi est gréé, on coupe le moteur. C'était chouette car notre vitesse a grimpé à 7,8 noeuds. Le moins chouette c'étaient les rafales. Un moment donné, nous avons entendu "CLAC", l'oeillet de la tête du spinnaker s'est décroché d'en haut du mât. On a vu cette grande voile se laisser tomber dans l'eau. Adrénaline au maximum pour chacun! Pas le temps de paniquer, il faut agir! Les manoeuvres de récupération de ce spi se sont bien déroulées. On s'est mis face au vent en tournant le bateau du bon côté, de manière à ce que le spi longe le bateau et qu'il n'aille pas se mettre sous la quille ou autre avarie du style. Avec un vent de face de 12 noeuds, une houle de 1 m, le plus difficile fût de remonter ce "parachute" trempé, lourd, qui ne demandait qu'à se gonfler sur le pont du bateau, en le saucissonnant tel un gigot avec toutes les sangles que je trouvais. Affaire rondement menée mais on a perdu quelques litres de sueur. Nous sommes soulagés car la voile est intacte. Pierre grimpera au mât, dès que possible pour comprendre ce qui s'est passé.
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Là on voit bien la voile le long du bateau jusqu'à l'arrière. |
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Ouf! il est sécurisé jusqu'à l'arrivée. |
Nous sommes arrivés à Trizonia dans le vent. La marina est spacieuse et il y a peu de bateaux en ce début d'après-midi. Deux anglais sur le quai nous aident à l'amarrage, très efficaces!
l'île de Trizonia est petite, on peut en faire le tour à pied en une journée. Les habitations sont concentrées au village sur la côte Est de l'île au fond d'une baie appelée O Mésa Limàni. Soit les bateaux mouillent dans la baie, soit s'amarrent à la marina. De l'autre côté du village, côté Ouest, il y a le vieux port de pêche donnant sur un front de mer très joli, en forme de fer à cheval. En pleine saison, il doit être bien animé! Fin septembre, c'est plutôt paisible.
L'après-midi fût marqué par une oisiveté avancée dans un premier temps. Le vent est tombé, la chaleur nous accablait. A partir de 17h, régulièrement un plaisancier s'amarrait. Le vent montait, donc nous étions spectateurs des amarrages ou aidants selon le quai choisi par le skipper. En soirée, revenant d'une des tavernes qui connaissent parfaitement le temps de cuisson d'un poisson grillé ( miam), le pied mis sur Crok'n Roll, les éclairs, le vent fort et la pluie se sont abattus sur la région, sans crier gare! Un vrai grain! Et pourtant, nous avons été préservés à Trizonia, avec une pointe à 38 noeuds, car dans la mer ionienne, les plaisanciers surpris à l'ancre, ont vécu des rafales à 45 noeuds, moteur allumé pour aider l'ancre, et, ce, durant 1h. Mauvaise soirée dans cette région, à nouveau!
Trizonia est un lieu de passage pour la plupart des bateaux. Un bon abri pour la nuit. C'est un endroit charmant, mais plutôt de balades. Nous en avons profité toute la journée .
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La mairie. |
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La baie de O Mésa Limani. Peu de bateaux au mouillage. |
A part des bars-cafés, des restaurants, et l'église, il n'y a aucun magasin, aucun service. Une fois par heure, un bateau taxi ( 1€/personne/trajet) emmène les clients sur la rive, juste en face, pour rejoindre un village sur le continent. Là, on peut faire les courses: boulangerie, supermarché, pharmacie etc.
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La navette taxi qui démarre à l'heure ronde. |
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La traversée durera 7 minutes. |
Dès qu'une accalmie de vent s'est pointée, Pierre a rangé le spi et sa chaussette dans leur housse. Avec l'aide ( pour l'assurer) d'un autre plaisancier, il est monté au mât afin de récupérer la drisse du spi et faire l'état des lieux.
Vendredi le 25 septembre, GO vers la ville de Itéa et sa marina. La météo annonce pas mal de vent et de la pluie pour les trois jours suivants. Notre objectif n°1 est la visite du sanctuaire de Delphes. L'excursion est possible au départ de Galaxidi ou de Itéa. Sur les quais, on discute avec les autres plaisanciers qui connaissent la région. Polémique: Galaxidi ou Itéa? Une vieille petite ville charmante mais plus touristique ou une ville plus contemporaine où vivent les Grecs, peu de tourisme? Louer une auto pour Delphes ou un trajet en bus? En conclusion, nous optons pour Itéa qui est un meilleur abri.
Départ avec un vent au portant ( vent arrière) de 14 noeuds. Vitesse moyenne de 7,6 noeuds, on y était rapidement! Dans la baie vers Itéa, il y a une grande ferme d'élevage de poissons, ce qui attire, sans doute, d'autres animaux marins...
On est content d'être à Itéa! La ville est entourée de hautes montagnes, c'est impressionnant de savoir que le Mont Parnasse n'est pas loin. Aucune personne de l'autorité portuaire ne viendra nous rencontrer, il faut se présenter spontanément à la capitainerie pour avoir accès à l'eau et à l'électricité. A Itéa, s'y trouvent tous les commerces de produits locaux: le primeur, le poissonnier, le pâtissier ( olala! ) et son succulent miel, le boucher. Les trajets en bus vers le sanctuaire sont bien organisés: ponctualité, confort. L'ascension dans la montagne offre un paysage de toute beauté!
Le sanctuaire de Delphes ( nom en grec ancien) ou Delfi ( en grec moderne) est oraculaire.
Nous sommes en Grèce centrale, en Phocide, sur des roches au pied du Mont Parnasse. L'endroit est sublime dans cet écrin. C'est là que se trouve le sanctuaire panhellénique d'Apollon ( fils de Zeus), le dieu olympien de la lumière, du savoir et de l'harmonie. Des vestiges mycéniens indiquent que cet endroit avait déjà été habité de 1500 à 1100 av J.C. Les sanctuaires panhelléniques sont des complexes architecturaux extérieurs aux cités. Ils constituent les seuls lieux où tous les anciens Grecs prennent part à des célébrations religieuses communes.
Le sanctuaire et l'oracle se développèrent dès le VIII av J.C et leur influence religieuse et politique s'étendirent à toute la Grèce au VI av J.C. Dans le temple parle l'oracle d'Apollon à travers sa prophétesse, la Pythie qui était assise dans une salle du temple, et parlait au nom de Dieu. Dans l'antiquité grecque, Delphes fût longtemps le centre du monde. En effet, Zeus fit décoller deux aigles d'une extrémité à l'autre de la terre, et ils se sont rencontrés là! Une pierre en forme conique (Omphalos), visible au musée, représente le nombril du monde.
Nous devons rentrer par la porte Est du sanctuaire et nous empruntons la voie sacrée qui grimpe jusqu'au temple d'Apollon. Tous le long de cette voie, de part et d'autre, ce sont les vestiges des édifices, des trésors, des offrandes, faites au dieu soit par piété, soit pour des raisons politiques.
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Intact et joli temple en marbre offert par la cité des Athéniens. |
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On arrive en haut de la voie sacrée. |
Dans un sanctuaire, l'élément le plus important pour le culte est le temple car c'est là que se situe l'autel sur lequel on procède aux sacrifices. Le temple abrite aussi la statue de la divinité. Il aurait été reconstruit plusieurs fois. Le dernier date du IV siècle av J.C. De forme rectangulaire allongée de 23,82 m sur 60,32 m. 6 colonnes doriques aux entrées du temple et 15 colonnes sur les côtés. Il devait être impressionnant!
Une autre pièce magnifique de ce sanctuaire est le théâtre, bien conservé! Il date du IV siècle av J.C. Il pouvait accueillir plus de 5 000 spectateurs.
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La vue panoramique des gradins est époustouflante! |
Le stade, le gymnase et l'hippodrome (non retrouvé à Delphes) sont des annexes du sanctuaire: ils sont les lieux où se déroulent les célébrations panhelléniques phytiques dédiées au dieu selon un calendrier religieux très précis. A Delfi, compétition de jeux, de lutte et de chant.
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Le stade avec les 3/4 de ses gradins bien conservés. Longueur de piste: 178,35 m. |
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Le gymnase |
En contrebas de l'entrée du sanctuaire se situe celui de Athéna Pronaia. Déesse de la sagesse, de la stratégie militaire, des artisans, des artistes. Il précède et protège le sanctuaire d'Apollon.
L'ensemble est très abîmé, seul "le tholos" monument circulaire dont la fonction exacte reste mystérieuse, a conservé 3 colonnes doriques qui donnent une idée des dimensions de l'édifice.
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Une maquette reconstituant le sanctuaire de Athéna Pronaia. |
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Et le Tholos, seul monument circulaire. |
Cette visite, nous l'avons réalisée, en fin de journée, sous un ciel bleu, profitant des couleurs de fin de journée. Elle nous a permis de se plonger dans l'Antiquité grecque. Quel rafraîchissement de nos anciens cours d'histoire! Nous n'avions pas trop envie de nous enfermer dans le musée. Les jours suivants, la pluie et le vent installés, on est revenu sur le site pour visiter le musée. Magnifique musée, muni de trésors exceptionnels! Il est spacieux, très bien présenté et bénéficie de la lumière naturelle, un plus. La vedette de ce musée est la statue de bronze grandeur nature: l'Aurige ( conducteur de char) datant de 474 av J.C. La précision des détails, le visage expressif sont superbes!
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L'Omphalos |
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L'Aurige |
Cette première découverte des sites archéologiques de la Grèce antique nous éblouit, on a hâte de découvrir la suite du voyage!
Je me suis, documentée, inspirée de plusieurs articles sur Wikipedia: "Delphes", " Jeux panhelléniques", "Aurige de Delphes".
Sur Youtube, il y a aussi quelques court métrages explicatifs.
Magnifique visite de l'île...
RépondreSupprimerMagnifique reportage comme toujours... Gros bisous
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