GRAN CANARIA

Le plus grand port à Las Palmas, capitale de l'île, au nord-est, ne répond ni à notre mail ni aux appels téléphoniques car ils sont full et n'ont pas de place pour nous. Aucune date possible. En octobre et en novembre, c'est la période où les voiliers vont profiter des alizés ( vent de nord- est) pour les pousser vers les Caraïbes. Il y a le rally ( l'ARC) qui part fin novembre. Donc, tout ce petit monde occupe les places de port des semaines avant le départ afin de préparer au mieux leur vaisseau. C'est pourquoi on se rabat sur un port au sud. Précisément à Puerto de Mogan.   

Dimanche 29 septembre: Ah! Jour de navigation vers le sud-ouest de Gran Canaria. Nous avons 113 miles nautiques à parcourir. La marina au sud de Lanzarote exige que nous quittions notre place avant 14h, c'est le réglement. Le vent est constant et nous calculons de se lancer dans l'océan après 15h de l'après-midi car si on part trop tôt, on arrivera à destination en fin de nuit. Approcher de nuit un endroit qu'on ne connait pas, l'île, le port, s'il y a moyen d'éviter ces stress! Donc, on quitte Rubicòn marina vers un mouillage un peu plus loin. On ancre devant une plage un peu plus loin. Des nuages gris menacent. Passent au-dessus de nous. Nous rincent! Bref, chouette mouillage, premier de la saison, grrrr! 15h02', on lève l'ancre et GO!  

Coin pour les voileux:

Les prévisions annoncent un vent de N-NE, force 20-25 noeuds, au portant ( Vent qui nous pousse par l'arrière). La houle est rapidement, comme prévue de 2m. Et cela durant toute la traversée! A une moyenne de 6 noeuds, 113 mn, on devrait être en mer durant 19h. On prévoit d'arriver vers 9h du matin à destination. Pierre me dit qu'en s'approchant de l'île, vers 4h du matin, le vent va s'intensifier. Donc, on monte la GV avec 2 ris et le génois un peu diminué. Le vent est plutôt à 25 noeuds ( minimum) ou 6 beaufort, le bateau tangue dans l'océan à 7,5- 8,5 noeuds, les rafales grimpent à 30 noeuds. Moi, je ne suis pas à l'aise! Tellement secouée que je n'arrive pas à dormir . Pierre ne s'est reposé que durant 2h car nous traversons le rail des cargos et il y en a un qui menace un point de collision. En s'approchant de Gran Canaria, le vent monte effectivement à 28-30 noeuds, le pilote automatique décroche, il faut barrer. Le point de repère d'un phare au sud de l'île ( celui de Maspalomas) nous guide. Cela durant presque 2h, car une fois passé le cap sud, l'île nous  protège du vent et de la houle. Le calme! Nous naviguons la dernière heure au moteur, plus de vent du tout. Nous avons une heure et demie d'avance sur le planning. Le soleil se lève que nous arrivons déjà à "Puerto de Mogan". Le Marinero est bien là, c'est cool car la manoeuvre se déroule sans souci. Il nous donne une place sur le quai en entrant à tribord.

 

La caractéristique de cette grande île c'est son centre: un massif montagneux de "la Cumbre" d'origine volcanique. Les volcans n'y sont plus actifs depuis, probablement, 3 000 ans. Au nord, le paysage est plus souvent couvert par les nuages dûs aux alizés. Au sud, c'est beaucoup plus aride, d'où l'activité touristique très intense puisque présence de longues plages de sable fin et d'eau bleue. Vous l'avez compris, c'est au sud que les constructions en masse recouvrent la côte.

Nous commençons l'exploration de Gran Canaria en prenant le guagua ( prononcé le"woua-woua"), c'est-à-dire le bus, afin de rejoindre un endroit balnéaire pour une location de voiture. Notre marina est chouette mais loin de tout. Première visite: Las Palmas. Grande ville qui se partage le rôle de capitale des Canaries avec Santa Cruz de Tenerife. Son centre historique date du XV au VXIII siècle. Nous ne visitons qu'un musée: celui dédié aux voyages, aux expéditions de Christophe Colomb. Nous sommes dans le vif du sujet avec notre traversée de l'Espagne vers les Canaries, comme lui en 1492! "La casa des colons" comprend plusieurs maisons, dont celle du gouverneur à l'époque. Christophe Colomb y fût reçu lors de son premier voyage vers l'Amérique. Le plus drôle fût les cartes géographiques d'époque! Ces cartes qui évoluaient en fonction de ces cinq expéditions . Car Christophe Colomb était convaincu, en découvrant l'Amérique, qu'il était en Asie! 

   

La casa de colon

 

Les plafonds y sont remarquables!

La plus belle place est la plaza santa Ana" dominée par la cathédrale du même nom. Dans une des deux tours, un escalier et un ascenseur sont disponibles pour profiter d'une vue panoramique de Las Palmas. On termine par la rue Triana, piétonne bien fréquentée en fin de journée, proposant des façades de différents styles architecturaux dont des immeubles des années 1950-1960, voir même d'art Nouveau (1900-1910) .

Cathédrale Santa Ana.

Le soir, nous avons envie de visiter le port, précisément la grande marina, où nous avions envie de séjourner. Grosse déception! Endroit sans aucun charme car l'immense port marchand est très bruyant, tout en activité de jour comme  de nuit. Marina loin de la ville, il faut prendre le bus pour y aller. Nous sommes beaucoup mieux installés à Puerto de Mogan car tellement plus charmant! 

La petite ville de Puerto de Mogan autour de la marina.

La visite du sud de l'île nous a interpellés car les guides que j'ai consultés sont, à l'unanimité, très élogieux quant à la région de Maspalomas et ses dunes. L'endroit est ultra touristique, avec une belle et très grande plage de sable fin. Ce qui nous intéresse le plus c'est le phare qui nous a bien guidés lors de notre navigation de nuit, il y a quelques jours. Les dunes, oui le spectacle est beau mais sur un espace vraiment restreint avec des touristes, aussi des nudistes, partout. 

Le phare au loin.

Nous avons eu la bonne idée de louer une voiture, de quitter Crok'n Roll durant trois jours afin de passer un bon moment au centre de l'île dans la montagne. Quel contraste avec le sud balnéaire! A la montagne, autres touristes en petit nombre: les randonneurs, les cyclistes, les amoureux de la découverte. Le premier tout petit village qui nous accueille est FATAGA. IL est 11h du matin et il y fait encore frais, 18 degrés. Au printemps, il est rempli de couleurs mais en fin d'été torride, il reste sympathique malgré le peu de fleurs.

Au fur et à mesure de la montée dans ce massif montagneux, la route serpente entourée de hauts rochers, de ravins, de vallées, le décor est magnifique, impressionnant! On dépasse de courageux cyclistes, la voiture ne dépasse pas la deuxième vitesse, 31km parcourus en 1h!

Il y a plusieurs dizaines de sentiers pédestres dans ce massif qui mènent à des panoramas ou à de petits villages. Nous avons beaucoup de chance car la météo est ensoleillée même aux sommets des montagnes. Nous logeons à TEJEDA ( 1000m d'altitude), un bourg étalé en balcons, sur la pente d'un très ancien cratère ( la caldera). Proche des plus impressionnantes curiosités. Dont cette randonnée qui nous amène au site archéologique LA FORTALEZA (avec son musée) et au piton rocheux BENTAYAGA ( 1400m). On comprend que cette montagne est une forteresse naturelle percée de grottes qui ont servi d'habitat ( troglodytique, en fait) aux premiers habitants de l'île, appelés les Guanches. Ces berbères émigrant du nord de l'Afrique, ce sont installés dans l'archipel des Canaries au V siècle avant JC, jusqu'à la conquête par le royaume de Castille entre 1402 et 1496.  Soit 2 000 ans. Ils vécurent isolés sur l'archipel, ce qui leur permit de créer leur propre culture et un mode de vie adapté à un environnement sauvage et volcanique. 

Bentayga roque

Tejeda

Superbe endroit pour utiliser le drone.

 

Pico de Nieves ( 1956m)

  
  

Moi qui ai le vertige, je préférais envoyer Pierre pour la photo!

A l'ouest de l'île, il y a le parc naturel de TAMABADA avec la forêt de pins canariens. Du sommet, nous avons vue sur le Teide ( 3 718m) sur Tenerife.

 Cette escapade nous a enchantés! Gran Canaria offre une grande diversité de paysages aussi. Nous en avons pris plein les yeux et plein les pattes ( toujours plus haut). Ce qui nous donne très envie de partir vers l'île voisine, La Gomera, même si ce sera une petite escale de 36h.