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NAVIGATION VERS L'ARCHIPEL DES CANARIES

C'est partiiiiii!


 Samedi 13 septembre, Jour J, le départ tant préparé ( surtout par Pierre), tant attendu, auquel nous avons tant pensé, dont on a tant parlé, est aujourd'hui! Je me rassure que c'est une traversée de 5 jours, c'est pas la traversée vers les Caraïbes, ni le tour du monde. Mais c'est une première et ce sera une expérience décisive pour notre avenir de plaisance, de marin, peut-être. Donc, le réveil sonne à 6h15, il fait encore nuit, on avale le petit déjeuner avec un noeud dans l'estomac, le trac. Il faut être à 10h40 à un endroit précis, côté Espagne car le courant sera, alors, favorable pour nous sortir du détroit. Notre projet de trajet de départ a changé, la veille. Caramba! A cause des orques! De Ceuta, nous comptions longer la côte jusqu'à Tanger, pour sortir du détroit de Gibraltar et puis le vent devait nous pousser vers le sud jusqu'au Canaries. Suite aux infos reçues concernant la position des familles "orquales", une d'elles a été observée, suite à une  interaction avec un voilier, le long des côtes marocaines. Ruis ( celui qui a crée la plateforme) nous déconseille de poursuivre notre idée car s'il y a un souci au bateau, sur la côte marocaine pas de possibilité d'assistance, de secours. La probabilité qu'un ou des orques s'intéresse.nt à notre safran ( gouvernail) existe. Il nous suggère de sortir du détroit par le côté espagnol , de remonter le long de la côte ibérique jusqu'à Cadix. Et delà, s'aventurer vers les Canaries. C'est aussi une zone active de par ces animaux mais les secours, les assistances existent.Contrariété! Car le voyage est rallongé de 16h en partie au moteur puisque le vent sera trop à l'arrière. Il faut savoir que ces gros animaux ( ces Cétacées) vivent et pêchent dans des fonds marins qui oscillent entre 40 et 300m. Il est préférable de longer la côte avec 20 m de profondeur tant qu'on peut.

Vous comprenez le stress de ce départ de voyage: première phase, passer le risque d'une interaction avec les orques. Cette carte démontre leur présence, proche du détroit, durant le dernier mois.

En bleu, leur présence. En rouge où il y a eu interactions avec un bateau.

Nous avions du matériel style sonar ( dissuasion purement hypothétique) à jeter à l'eau si orque il y avait.

Nous avions plus de vent que prévu pour traverser le rail des cargos vers Gibraltar. Comme souhaité, nous naviguons vers la sortie avec 2 noeuds de courant, le bateau glisse. 




La ville de Tarifa et son phare, repère de la fin ( ou de l'entrée) du détroit de Gibraltar.
Ensuite, vent trop arrière, on affale le génois et on enclenche le moteur, on reste le plus près possible de la côte, comme prévu. Après 4h de vitesse à 5 noeuds, lassantes, à hauteur de Trafalgar, Pierre en a marre, il tourne la roue vers la gauche, direction les Canaries. On ne comprend pas pourquoi Ruis nous trace un trajet à partir de Cadix qui est encore à 4h de navigation, plus au nord.
Il est 16h,  mon stress augmente car durant 36 miles nautiques (soit 6h), nous naviguerons dans les profondeurs de fond marin où les jeunes orques s'amusent à "jouer" avec le safran ( ou gouvernail) pendant que les orques adultes chassent. Puis la nuit tombe, chance, on voit sur la carte que nous arrivons à des profondeurs de 400m, hourra! On peut se relaxer, diminuer la pression. 
De 21h30 à 23h: l'enfer! Enfin sortis de la zone des orques, nous sommes face à des pêcheurs marocains et leurs filets jetés à l'eau, des lampes clignotantes partout, on ne savait pas où naviguer, un bateau de pêcheurs nous poursuivait avec ses spots puissants, nous donnant des injonctions que nous ne comprenions pas! On ne savait pas où aller. Tout ça dans la nuit noire. C'était horrible!! Heureusement Pierre a toujours continué le trajet à la voile. Si nous avions allumé le moteur, l'hélice se serait prise dedans! Quatre fois nous avons eu ces barrages de filets. Heureusement le gouvernail semble intact! Nous étions à 30 miles nautiques (55 km) des côtes marocaines! D'où le conseil de Ruis de remonter jusque Cadix pour prendre notre cap, nous aurions évité ces pêcheurs! Par la suite, nous nous sommes documentés sur le net:
ce sont des pêches complètement illégales qui existent depuis des décennies, bien connues, aucunement contrôlées. Ils déroulent parfois jusqu'à 40 km de filets, de 30 m de profondeur. Un vrai scandale, une horreur car ces filets ramassent TOUT : les poissons, les dauphins, les requins, une grande partie du monde marin! 

  
Quand ils nous poursuivent, ne nous lâchent pas.
Après cet incident bien stressant, le rythme de la croisière s'est installé progressivement, le temps que la pression diminue. Nous avions organisé nos quarts de nuit ( veilles) en fonction de nos habitudes de sommeil, comme ceci:
-Pierre veille de 20h à 1h. ( J'aime bien me coucher tôt, c'est l'occasion...)
-Je veille de 1H à 6H. ( Suis souvent insomniaque au milieu de la nuit)
-Pierre veille de 6h à 9h.
-puis, petites siestes par-ci, repos par-là.
La traversée s'est vraiment bien passée! Le bateau est fiable, n'a présenté aucun souci technique. Le seul bémol fût la houle avec ces vagues de 2m voir 3m durant les 5 jours et 4 nuits, non stop. Les deux premiers jours, nous prenions régulièrement un médicament qui nous soulageait. Après 48h, nous avons pu le stopper progressivement. Cette houle arrosait, parfois, le cockpit, elle était fatigante car les déplacements dans le bateau n'étaient pas simples: préparer un petit repas ou du thé, la vaisselle, s'habiller, aller aux toilettes. Douche, j'ai pas pu. Pierre fût plus courageux! Le vent de l'arrière nous permettait une belle vitesse ( entre 7 et 8 noeuds), les vagues venaient du côté tribord ( droite) ce qui faisait tanguer le bateau sur le côté. 






Nous avons eu une locataire durant une après-midi: bergeronnette printanière.

1h du matin, je me prépare au quart.

Les déchets du repas vont à la mer. Une bolo pour les pêchons, pas naturel mais pourquoi pas?

Nous avons eu la visite à trois reprises de bandes de dauphins. Le matin ou en fin d'après-midi car ils viennent à la surface pour manger. C'était une autre race que ceux vus en Méditerranée. De plus petite taille avec de petites tâches rondes sur le dos. 
Je ne pense pas qu'en cinq jours- quatre nuits nous soyons "rentrés" dans le rythme d'une longue croisière. Au niveau sommeil, occupations, activités. Positivement, nous nous connaissons de mieux en mieux sur le fonctionnement de notre organisme. Pierre comprend qu'il supporte difficilement la fatigue, ce qui joue sur le mal de mer. Moi, c'est plutôt la nuit où je suis moins à l'aise qui causerait un mal de mer. Durant cette traversée, nous n'avons quasi pas bougé aux voiles, car le vent fût relativement constant. Un empannage en journée et un empannage lors d'une veille de Pierre.
Etonnamment, les nuits furent fraîches au point de mettre un bonnet en plus du polar, de la veste et salopette de quart. Nuits avec beaucoup d'humidité "salée", tout colle. 
Donc, mercredi matin ( 17 septembre), vers 9h: TERRE! 
Cette photo vous semblera moche, mais pour moi, ce fût une joie!


Première terre: la petite île inhabitée ( Alegranza) avant l'île La Graciosa . Peu de temps après, le vent est monté, les vagues aussi, la météo fût orageuse sur la région en fin de nuit, nous écopions d'un grain durant une demi-heure. Quelle approche! Ca se mérite La Gracieuse, pfffff!
C'est lui le responsable du grain!




A 13h, l'amarrage du Crok'n Roll est terminé au soleil. Tout fiers et tout heureux que nous étions! Objectif atteint, trop gai! 

Une bière en pleine après-midi, c'est la fête!


Nous sommes extrêmement pressés de découvrir cette petite île. Vivement demain et après-demain et les jours suivants!







  

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