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ILE DE LA PALMA ( des Canaries) à LAGOS ( Portugal)

 

La photo montre bien la variété, l'instabilité de la météo.


Nous attendions une fenêtre météorologique la plus favorable pour quitter les Canaries. Car le vent le plus fréquent vient du Nord-Nord-Est, ce qui facilite l'aller aux Canaries puisqu'alors le vent nous pousse dans le dos. Aujourd'hui, on aimerait "remonter" ce vent. Dans le pif! Il faudrait, alors, tirer des longs bords ce qui rallonge bien le temps de navigation. A moins que nous ne bénéficions d'un autre scénario....Hé oui, nous sommes chanceux, une fois de plus (!): un vent venant du sud, sud-ouest qui nous pousserait vers le continent. Conditions météorologiques rares, même si ce vent sera fort et l'état de la mer houleuse, on y va! Enfin, Pierre et jean-Luc sont ravis de cette opportunité, moi je suis mitigée mais pas le choix, courage! Naviguer en automne c'est vraiment l'époque des dépressions :-(
En vert, le vent. En rouge, notre navigation.


Nous quittons Santa Cruz de La Palma le lundi 27 octobre avant 9h du matin. Les premières heures se naviguent au moteur car pas de vent, depuis quelques jours déjà, mais il se lèvera à partir de midi. 

L'île de La Palma, Santa Cruz, j'espère beaucoup y revenir, oh ouiiii!

Pour s'amariner, ces premières heures sont sympa pour notre ami. La canne à pêche est déjà en place. Il n'a pas fallu longtemps pour qu'une petite dorade coryphène se fasse attraper. C'est un joli poisson car très coloré, mais ces couleurs disparaissent rapidement quand elles sont exposées à la lumière. Nous la mangerons en ceviche, au lunch, cuite dans du citron vert, un délice! 

Là, c'est encore cool.




On sent la brise, on monte la GV!
Ensuite, le vent s'est intensifié comme prévu, la mer aussi. En début de soirée, on a diminué la voilure en prenant un ris dans la GV. Mais à 22h, un vent à 20 noeuds avec des rafales embêtent notre pilote automatique, ce qui nous contraint à diminuer encore la voilure pour la nuit: 2 ris dans la GV et la trinquette, au lieu du génois, en voiles à l'avant. On naviguait bien à 7-7,5 noeuds dans les vagues, durant toute la nuit. On s'habille bien chaudement car les nuits sont fraîches et parfois, une vague nous arrose. Mardi matin, à 6h du matin, soudainement les rafales montent à 38 noeuds, on diminue la GV à 3 ris. On subit un grain! 
Un grain, c'est bref, mais très intense et spectaculaire. Parfois le vent change même d'orientation!

Durant toute la journée, les vagues, le vent et les grains rendent la navigation chaotique, c'est rock'n Roll et bruyant dans le bateau. Ce dernier trace sa voie sans aucun souci technique malgré la force de certaines vagues qui viennent s'éclater contre la coque tel des coups de tonnerre! La mer est croisée. Une grande casserole de spaghetti bolognaise traîne sur la cuisinière, il n'y a qu'à y piocher un bol car impensable de cuisiner dans ces conditions-là. 

Dans la soirée, de nuit, de loin, je vois l'île de Madère illuminée. Nous n'irons pas à la marina de Funchal car ils n'ont jamais répondu ni aux mails, ni au téléphone. La marina au nord-est  (Quinta do Lorde) semble bien appréciée par la communauté des plaisanciers. Pierre a un contact téléphonique avec eux car ils nous stipulent qu'au vue de la mauvaise météo, l'entrée du port sera fermée, aux navigateurs jusqu'au mercredi 29 octobre 9h. Le mardi 28 octobre à 23h nuit noire, après 267 miles nautiques en 40 heures de navigation, nous ancrons dans une baie non loin de la marina. Il y a toujours 20 noeuds de vent mais, heureusement, beaucoup moins de houle, grâce à la protection de la baie.  
Nous n'attendons pas le marchand de sable pour s'endormir, c'est l'effondrement sur l'oreiller! 
Quelle magnifique surprise à notre lever: un beau paysage, sous un grand soleil qui nous donne tout de suite beaucoup d'énergie!
La baie d' Enseada de Abra.




Après un petit déjeuner qui nous semble si bon, nous nous dirigeons vers la marina de "Quinta do Lorde", dans un petit village plutôt moderne qui n'est qu'un complexe hôtelier, en fait. Après l'amarrage, on observe le lieu et le plus remarquable c'est une très ancienne cheminée de volcan dans la falaise, découverte par l'érosion. Incroyable! Cette falaise regorge d'abris aux oiseaux dont de petits faucons. A la jumelle, c'est un spectacle bien sympathique!



Mais nous ne visiterons pas l'île. Le vent continue à être très favorable pour le retour vers le Portugal, donc faut avancer! L'après-midi, on fait un petit ravitaillement. On passe encore une nuit au calme sur le bateau et dès le lendemain matin, 9h, Crock'n Roll est à nouveau sur les flots. Pour quelques jours!
La deuxième partie de la navigation est plus variée.
Le premier jour ( 30 oct):
Le début de la journée est prévue au moteur. Mer ridée ou calme, du coup, je cuisine car les prochaines 24h sont annoncées houleuses. 
Un bon chili con carne. 


En début d'après-midi, le vent de l'ouest apparait à 10 noeuds , puis 14 noeuds venant plutôt du sud-ouest, et au-delà de 25 noeuds en début de nuit. Donc, on diminue la voilure et commençons nos rôles de quarts.  Que nous avons établi déjà lors de la première navigation vers Madère:
- Moi en veille de 21h à minuit.
- Jean-Luc veille de minuit à 3h.
- Pierre veille de 3h à 6h du mat.
-Moi en veille de 6h à 9h du mat.
Ce qui nous permet de dormir, de se reposer durant 5- 6h chacun.
Cette première nuit est fatigante pour tous les trois car nous sommes dans une allure grand largue, parfois 150-160 degrés du vent ( vent quasi complètement dans le dos), il faut surveiller que le bateau ne parte dans un empannage "sauvage" car cela l'abîmerait.  Entre les quarts, il y a des manoeuvres ( trinquette, prise de ris et empannage maîtrisé) nécessitant deux personnes. 
Deuxième jour ( 31 oct):
A 6h du matin, le vent s'intensifie un peu plus encore aux alentours des 25 noeuds, on prend un troisième ris. On navigue entre 6 et 8 noeuds selon les vagues sur lesquelles on surfe ou les vagues dans lesquelles le bateau rentre. Et on profite de ces mêmes conditions toute la journée : 3 ris et trinquette, à une vitesse de 5,5- 8 noeuds. C'est plutôt tranquille puisque les conditions de nav sont stables, l'océan est plus calme. Cela donne même des idées à Jean-Luc: pêcher!! Il adore ça.


Une petite bonite! Il en pêchera deux au final. L'idéal pour nous contenter au prochain repas!

Quand un poisson mord à l'hameçon, le conseil est de diminuer la vitesse du bateau, l'idéal serait même de l'arrêter pour pouvoir mouliner et ramener la "surprise" à bord. Mais à la voile, c'est compliqué. Sauf, si on se met à la cape! Ce que nous avons compris après quelques touches manquées.
Se mettre à la cape: La GV d'un côté et la voile avant à contre (de l'autre côté), cela immobilise le bateau rapidement.

  

Nous profitons de faire une sieste en journée. La houle étant moins agitée, c'est plus confortable pour cuisiner ( aujourd'hui risotto aux champignons, c'est Jean-Luc le cuistot), pour se déplacer dans le bateau, pour dormir. Nous serons ravis de pouvoir respecter nos horaires de quarts de nuit et de repos.
Nous avons la chance d'admirer le coucher du soleil, vers 18h15. C'est tôt en soirée à cette époque de l'année:

Nous mangeons le soir vers 19h30, dans le cockpit à la lueur de nos lampes frontales.
Nous croisons très rarement un cargo, ni en journée, ni de nuit, jamais un voilier. On se rend compte combien l'océan est immense! D'où ma frustration profonde de ne pas observer de cétacées! Même pas aux alentours de Madère, ni à l'île de la Goméra aux Canaries, c'était ma carotte pour me motiver à la traversée et toujours rien!
Troisième jour ( 1er nov):
Attention, la météo prévoit une baisse de la force du vent. C'est chouette car les vagues seront moins hautes, par contre nous naviguerons moins vite. 
Vers 10h du matin, "on se traîne", comme dit Pierre, donc ...... toujours un vent de SW (sud-ouest) dans le dos, on va gréer LE SPI! 



Nous gagnons deux noeuds en vitesse et nous continuons à naviguer à 6 noeuds. L'équipage à la banane. Avec le spi, cette grande voile colorée, pas question de pêcher car elle requiert une attention, une vigilance sans arrêt. Et impensable de se mettre à la cape avec ce gréement.
A partir de 18h, juste avant la nuit, le vent faiblit ( en-dessous de 9 noeuds) et, de toute façon, pas de spi la nuit, c'est trop délicat à gérer. Nous naviguerons au moteur durant toute la nuit. 
Le soir, Jean-Luc nous cuisine  les bonites qu'il a marinées dans une sauce soja Teriyaki, ensuite cuisson  au four! Quel bon resto dans ce Crok'n Roll!!
Entre les quarts, nous dormons profondément! Ce qui nous donne la pêche pour la journée!
Quatrième journée ( 2 Nov):
Le grand avantage de mon quart de 6h du matin, est que je puisse assister au lever du soleil et aujourd'hui, il est très très beau!







Durant la nuit, le vent faible a changé d'orientation, il vient de l'Est. Au matin, il continue à tourner pour se stabiliser au nord-est ( NE). Les différentes applications de prévisions météorologiques ne sont pas tout à fait en accord. Donc, cette matinée soit il y aura assez de vent que pour gréer les voiles, soit nous ferons du moteur ( oh non!!!). Chance, il y a du vent, moins de 15 noeuds dès 9h du matin, on établit 2 ris dans la GV et le génois, pour une glisse à 5,5 noeuds sur une mer calme. Le vent est de face, donc on fera des virements de bord pour atteindre le cap Saint-Vincent sur la côte portugaise. Nous sommes ravis car pas de moteur!
Pizza faite maison pour le lunch.




Tiens, de temps en temps un cargo, signe que nous nous rapprochons des côtes.


Par contre, même scénario que la veille, le vent tombe en soirée, ce qui nous oblige à naviguer au moteur toute la nuit. 
Cinquième jour ( 3 nov):
On ne pense pas (ou plus) aux risques de rencontrer des orques. Selon les observations des scientifiques, ces cétacées naviguent dans des profondeurs entre 400m à 20m. 
Nous naviguons aussi au moteur, ce matin, pas de gîte, pas de vagues, on se prépare un breakfast de ouf, toujours notre cuistot Jean-Luc: du pain perdu! Miam, miam groumf!


  
Les dernières heures de navigation, nous longeons la côte portugaise en surveillant scrupuleusement la profondeur à moins de 20m. Nous n'apercevons aucune nageoire à l'horizon, en fin de compte. 
L'approche de Lagos est caractérisée par ces grottes creusées où les petits bateaux, les kayaks, viennent jouer entre les rochers, se poser dans les petites baies devant la plage et son eau turquoise. Cela nous rappelle notre venue en 2018, quels beaux souvenirs!


Nous sommes tous les trois bien heureux! Fiers de notre traversée. En deux parties avec des conditions rudes les premiers jours, avec une météo plus calme, le vent qui tourne, navigation sous le spi, la pêche, la délicieuse cuisine, pas d'interaction.s avec les orques. Nous nous sommes bien amusés! Et le bateau n'a posé aucun souci, il est bien fiable notre Crok'n Roll. La seule déception est qu'il est moins performant que prévu pour naviguer "au près", c'est-à-dire avec un vent de face. Aujourd'hui, c'est une certitude car on l'a bien testé.


Amarrage à la marina de Lagos, vers 10h30. 


Cool, relax.

Nous n'avons pas encore atteint la destination finale. Qui sera Faro.
Encore deux jours de navigation pour atteindre ce chantier naval situé au fond de la lagune ( Parque da Ria Formosa) qui nous accueillera le jeudi 6 novembre à 14h précisément car, alors, la marée sera au plus haut. Serons-nous là, au rdv?
A très bientôt!


 



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